Dans un audit logement, j'ai un résultat bizarre au niveau du système de chauffage. Il s'agit d'une maison qui a déjà subi des travaux de rénovation et qui a un système de chauffage quasi neuf avec une chaudière gaz condensation, une partie chauffée en émetteur sol et une autre en émetteur radiateurs. Etant donné la qualité du système, il n'est pas souhaité (ni souhaitable) d'améliorer endéans le temps de validité de l'audit le système de chauffage. Donc en gros, les améliorations majeures portent sur l'enveloppe.
En situation initiale existante et modifiée, les résultats en "réel" sont les suivants;
En résultat après travaux de rénovation, j'obtiens ceci;
A système (et volume protégé) inchangé, je ne m'explique pas la dégradation du rendement de distribution, qui passe de 98% en situation existante à 91% en situation rénovée. Au niveau du rapport d'audit, le label pour l'installation de chauffage passe de A+ à A. D'où l'interrogation du client. Quelqu'un aurait-il un début d'explication ? Le surdimensionnement relatif de l'installation ? Un facteur en rapport avec la diminution des BNE ?
Merci pour vos réponses et réflexions.
Peux-tu encore faire un petit exercice complémentaire ?
1. on met les pertes en ligne à zéro (en annulant les longueurs des conduites de distribution) et on voit ce que ça donne dans les 4 cas x 2 systèmes d'émission.
2. on met les conduites existantes entièrement dans l'environnement intérieur (ce serait intéressant de savoir quelles sont les longueurs respectives pour le chauffage-sol et pour les radiateurs). On sort les 8 résultats.
3. on compare les résultats.
Ceci permettra notamment de voir comment le logiciel traite les pertes à l'intérieur, dans un environnement chauffé, alors qu'elles ne sont pas récupérées comme "gains internes", en tout ou en partie.
Car dans la méthode PEB, l’intervention de l'inertie thermique se limite à la comptabilisation des gains internes et des gains solaires. Elle n'a pas d'influence pour le stockage des pertes des systèmes de chauffage et d'eau chaude sanitaire.
Ce qui n'est pas physiquement correct.
Alors, on va aller gratter un peu plus loin...
Que ce soit avec les équations de l'annexe E de l'annexe PER 2019 qu'avec la formule présentée dans la formation PAE2, exposé 2.1 au slide 43 ci-dessus (que je remets ci-dessous pour éviter des effets d'ascenseur qui soûlent), les BNE interviennent puisque c'est le but final du chauffage : fournir la quantité de chaleur suffisante dans le volume protégé, en fonction des conditions climatiques intérieures et extérieures, et des caractéristiques du bâtiment.
J'ai repris tous tes résultats pour les 2 systèmes d'émission et je les ai mis dans un tableau (ci-dessous).
L'équation du slide 43 permet de calculer la valeur des pertes en lignes, en ayant les autres données : les BNE, le rendement de distribution et le rendement d'émission.
On voit que, moyennent des légères différences dues aux arrondis sur les rendements (j'ai chipoté un peu sur quelques-uns pour calibrer les pertes), les pertes en ligne pour les 2 situations théoriques sont identiques entre elles, et celles des 2 situations "réelles" aussi.
Pour des calculs plus précis, il faudrait disposer de la 3e décimale des rendements.
Le rapport entre les pertes théoriques et "réelles" correspond au rapport de + 1,81 qui est le rapport entre consommations théoriques et consommations réelles et que j'ai donné dans mon commentaire de hier.
Les auteurs de la méthode ont donc décidé que les pertes en ligne diminuaient dans le même rapport que les consommations, alors que rien ne change !
C'est évidemment un non-sens et ça rejoint la réflexion générale à la fin de mon commentaire précédent à propos du tripotage qui est fait pour amener les consommations théoriques à se plier à des consommations "réelles".
Plutôt que de travailler sur les consommations théoriques conventionnelles pour les amener à un niveau thermodynamiquement et physiquement acceptable. Mais ces gens-là ne pensent pas que ce soit possible de modifier la méthode PEB, qui est un mantra inattaquable, la pensée unique dans toute sa splendeur détestable.🙈🙉🙊
Passons...
Dès lors, si on déclare que les pertes en ligne dépendent uniquement des conditions dans lesquelles travaille l'installation et des variables issues du bâtiment, il faudrait injecter les pertes théoriques dans le calcul des 2 rendements de distribution "réels" (existant et amélioré) et recalculer les BNE qui en résultent.
Mais le problème est plus complexe que ça, puisque dans le calcul des BNE "réels", on repart de la consommation "réelle"!
Et que, pour "simplifier" 😂, les BNE interviennent aussi dans le calcul du rendement d'émission comme on le voit dans le slide 15 de l'exposé 2.1 de la formation PAE2 ci-dessous.
Du coup, pour recalibrer à la fois les rendements et les BNE, il faudrait faire un calcul itératif sur les formules des 2 rendements, jusqu'à ce que les 3 cibles (BNE, rendement d'émission, rendement de distribution) convergent vers des résultats stabilisés.
C'est évidemment une autre paire de manchettes, mais pas hors de portée des génies qui sont à la manœuvre, en principe.
Cependant, de toute façon, ce calcul plus complexe aboutira toujours à avoir des BNE "réels" nettement plus petits que les BNE théoriques, avec le défaut aberrant que j'ai cité pour toutes ses composantes qui sont diminuées dans le même rapport, ce qui est physiquement impossible (le cas des pertes en ligne qui diminuent sans rien changer est assez parlant...).
À ce stade de la réflexion, il vaudrait mieux travailler sur les BNE théoriques pour les amener à un niveau plus correct, tout en restant "conventionnel" (on ne cherche pas à connaitre la consommation réelle exacte du bâtiment, hors comportement des usagers, mais il faut s'en rapprocher).
Mieux que ce qu'on a maintenant, en tout cas.
Cette modification de la méthode enlèverait les conséquences graves qui nous pénalisent actuellement dans les constructions et les transformations.
Pour les audits, en tout cas, cela rend les calculs de rentabilité viciés et fausse même le calcul des primes (je peux développer si on veut).
Quand j'aurai le temps, je ferai une remarque n° xxx à ce sujet, à moins que tu ne veuilles la faire toi-même 😈...
1e observation : les rendements sont calculés avec 3 décimales mais seulement 2 sont affichées.
Il peut donc y avoir une variation de 1 point sur les résultats combinés (rendements système et rendements globaux).
2e observation : systématiquement, les rendements d'émission des radiateurs sont meilleurs que les rendements d'émission du chauffage par le sol, ce qui est bizarre a priori, sauf si tu as mis la température d'émission sur "haute température" dans le panneau de la chaudière.
3e observation : les rendements de distribution sont aussi systématiquement meilleurs pour les radiateurs que pour le chauffage sol mais ça peut être dû à d'autres facteurs que la modification de la température.
4e observation : "l'amélioration" amène les rendements de distribution à diminuer pour les 2 systèmes :
pour le sol, il diminue de 9 points (!)
pour les radiateurs, il diminue de 5 point
et ce, entre la situation initiale et la situation améliorée, d'une manière identique (à un arrondi près) pour les 2 systèmes d'émission.
5e observation : moyennant les arrondis, les rendements partiels sont identiques en calcul théorique et en calcul réel.
6e observation : le rendement de la chaudière ne change pas dans les 4 situations.
Cela suppose que le facteur de charge ne change pas non plus et que la chaudière "améliorée"a été intégrée avec sa puissance diminuée.
Donc :
1e chose à vérifier : y a-t-il quelque chose de changé pour l'environnement des circuits de distribution de chaque système, leurs longueurs, leur isolation ?
2e chose à vérifier : le circuit doit être étagé puisqu'on travaille avec 2 émetteurs différents,
3e chose à vérifier : le niveau de t° d'émission déclaré dans le panneau de la chaudière ("haute température" ?, "basse température" ?).
À ce stade, difficile d'aller plus loin dans la recherche des causes d'anomalies.
Il faudrait avoir le fichier de calcul.
Mais étant donné le secret qui entoure les équations utilisées pour ce genre de calcul, il est possible que les décisions de modifier les rendements de distribution n'apparaissent pas clairement par une analyse superficielle des résultats.
Si on s'en tient à la formule du slide 43 ci-dessus pour le calcul des rendements de distribution, les variables influençant ce résultat devraient être peu nombreuses et faciles à vérifier.
Si ton fichier ne contient aucune raison apparente qui pourrait expliquer la diminution spécifique des rendements de distribution entre une situation existante et une situation améliorée (identique en théorie et en "réel"), alors il faudra faire une remarque à la DGO4 pour qu'on vérifie les formules qui sont derrière ces résultats.
Ils ont bien dû le faire en 2013/2014 quand des résultats de rendements aberrants (trop petits, négatifs ou supérieurs à 100 %) sont apparus sporadiquement.
D'où la remarque n° 80 du 23.09.2013 ci-dessus.
En matière de réflexion plus générale, dans la méthode PEB (utilisée aussi en PACE), les pertes des systèmes sont complètement "externalisées", alors qu'il est évident qu'elles ne le sont pas dans la réalité, du moins complètement.
Une partie ou la totalité de ces pertes est récupérée à l'intérieur du volume protégé et est utile dans la mesure des possibilités de la régulation pour en tenir compte (sinon, surchauffe mais on n'en tient pas compte actuellement).
Du coup, c'est un des postes qui peut expliquer la différence qui existe entre leur calcul théorique et les consommations "réelles" constatées, indépendamment du comportement des occupants.
Dont ils se servent un peu abusivement pour tenter d'expliquer ces différences importantes :
dans ton cas, le rapport entre les consommations théoriques et "réelles" est de +1,81 (les "réelles" sont 55 % des théoriques).
Ce rapport est conservé entre les consommations améliorées, comme le montre le slide 9 ci-dessus.
Mais alors, si on ne veut pas triturer les rendements d'une manière incohérente, les BNE ont + le même rapport aussi.
Le problème est qu'on parle de la même maison, avec les mêmes caractéristiques.
La diminution des BNE qui serait due à une consommation réelle supposerait que tous les postes de ces BNE seraient réduit de la même façon (en première approximation) : donc on réduirait aussi à 55 % tout ce qui intervient dans les BNE, soit les pertes par transmission, les pertes par ventilation, par infiltration, mais aussi les gains solaires et les gains internes.
Sans rien changer au bâtiment !
Et ceci serait simplement dû au comportement des occupants...
Il y a de quoi rire, si ce n'était dramatique.
Cette impossibilité manifeste est tellement criante que ça devrait justifier la révision rapide de la méthode PEB théorique.
Et ça fait déjà longtemps qu'on le dit (2010).
Allons encore un peu plus dans le détail : les rendements qu'on voit sur tes tableaux sont des rendements moyens pondérés pour les 2 secteurs ensemble.
Il faudrait développer les rendements pour chaque secteur, dans les 4 cas de figures : théorique initial et théorique amélioré, réel initial et réel amélioré. Ceci permettrait de savoir si l'un ou l'autre des rendements de distribution de chaque secteur a changé, ou bien les deux.
En ce qui concerne PACE, les BNE sont répartis entre les secteurs, selon une règle proportionnelle à leurs volumes respectifs.
A priori, il en est de même pour les puissances, puisqu'on ne calcule pas les déperditions exactes de chaque secteur comme en PEB.
On examinera alors ce qui aurait pu changer dans l'encodage.
En attendant, il faut revenir sur la formation PAE2 en 2013/2014, et notamment
- le slide 43 de l'exposé 2.1
- le slide 9 de l'exposé 3.1 :
- le slide 18 de l'exposé 3.1 qui suit les slides 4 à 17 :
Mais c'était au moment où je leur avais signalé des anomalies dans les rendements partiels qui passaient parfois à des valeurs manifestement trop petites, ou encore négatives, dans la remarque n° 80 du mail du 23.09.2013 ci-dessous.
Beaucoup de monde a reçu cette remarque (dont toi en Cci).
Après cette série de remarques en 2013 (147...), il y a eu des réunions avec la DGO4, ce qui les a amené à me demander une expertise, dont les préliminaires ont été déposés le 13.03.2014 et le rapport le 18.08.2014.
Des modifications ont été opérées sur la méthode par les sous-traitants de la DGO4, pour éviter des résultats aberrants.
Cependant, aucune communication n'a été faite sur ces modifications, comme cela se passe encore maintenant.
C'est une façon d'éviter qu'on ne mette trop facilement le nez dans leurs affaires... secrètes (on serait peut-être des espions vîs russes, prêts à vendre du transfert de haute technologie wallonne).
Cependant, le cas que tu présentes montre qu'il y aurait peut-être encore quelques vis à serrer, pour autant qu'on ne trouve aucune raison apparente pour le changement du rendement de distribution dans l'encodage.
Mais voyons d'abord le détail des rendements de chaque secteur, dans les 4 situations, que tu vas nous donner.
Pour la puissance en situation existante, 2 pistes :
la première est l'encodage de la puissance nominale de la chaudière existante, s'il y a une plaque signalétique ou une documentation.
La 2e est de ne faire aucune amélioration en situation après rénovation. Le logiciel calculera la puissance qui correspond à la situation initiale.
On en parle lundi ?
En fouillant dans les annexes, et plus particulièrement dans l'annexe E de l'annexe A1 (sic) de la règlementation PEB, on trouve effectivement un début de réponse;
en effet, les équations montrent que les BNE influent (assez logiquement) sur la quantité de chaleur sortante du système de distribution. Donc, si on diminue les BNE, la quantité de chaleur sortant de la distribution diminue. Et comme la quantité de chaleur sortant du système de distribution diminue, il en est de même pour la quantité de chaleur entrant dans le système de distribution, et ce en même temps que dans mon cas les pertes intrinsèques du système de distribution restent identiques. Etant donné que le rendement est le rapport entre chaleur émise par le système de distribution et chaleur reçue par le système de distribution, le rendement diminue et ce essentiellement parce que les pertes de distribution restent identiques (et donc prennent plus d'importance relative) dans l'équation du rendement de distribution.
Notons quand même que l'on peut s'interroger sur le fait que les pertes de distribution soient identiques et non proportionnées directement à la quantité de chaleur qui transite par le système.
Bon; désolé de faire les questions et réponses. Mais au moins, ça vous permet de prendre connaissance de cette petite subtilité... et d'éventuellement réagir...